... Camille de Peretti ... Rien à ajouter, tout à comprendre.

{ Son livre a eu un effet inattendu dont je me serais bien passé.}

\ J'ai vomi partout. Partout où j'ai pu. [ Resto chinois en plein centre commercial pour ma part] . Autant que j'ai pu. [Des kilos et des kilos, boueux, grumeuleux, liquides, pâteux...] . N'importe où, n'importe quoi, n'importe quand. J'ai vomi avec mon index et mon majeur agrippés au fond de ma gorge. J'ai vomi à Paris et à Londres, j'ai vomi à Tokyo. J'ai vomi au réveil, sous le soleil et sous la pluie. En plein jour. Je me suis relevée jusque tard dans la nuit pour vomir. J'ai vomi dans les toilettes de la maison de ma mère, dans les toilettes des appartements de mes copines, dans celles de mon école et dans celles des boîtes de nuit. [dans les toilettes de ma fac ou d'un centre commercial avec une femme de ménage juste à côté]. Puis les toilettes elles-mêmes sont devenues obsolètes. Alors j'ai vomi partout. Dans les rues.

Thornytorinx. De Camille de Peretti.

 

Une boulimique est grosse parce qu'elle mange énormément, elle mange vite, toujours, sans réfléchir, jamais, en engloutissant des grosse poignées de n'importe quoi pourvu qu'elle ait la bouche plaine. Une boulimique ne mâche pas sa nourriture, elle la gobe, une boulimique ne connaît pas la sensation merveilleux de satiété : celui qui fait que l'on se à un moment du repas "Je n'ai plus faim." Une boulimique serait d'ailleurs bien incapable de dire si elle a trop mangé ou si elle a encore faim. Son acte n'est stimulé en rien par le besoin physique et naturel de se nourrir mais par un désir purement intellectuel de se "remplir" et ce pour des raisons diverses et variées qu'elle ne s'explique pas très bien.
Une anorexique est maigre parce qu'elle a arrêté de manger. Et si elle a arrêté de manger, c'est parce qu'elle n'a plus faim, plus jamais. Son corps, lui semble-t-il, n'a plus besoin de rien. Mais comme elle vit en société et que son aspect physique commence à faire peur à son entourage, tout le monde voudrait qu'elle mange. On lui tend des cuillères débordantes de crème et des fourchettes pleines de viandes. Alors elle se rend compte que non seulement elle n'a pas faim, mais qu'en réalité tout cela la dégoûte au plus haut point. Rien que l'idée de faire passer dans son tube digestif une seule de ces substances lui fait horreur, et ce pour des raisons diverses et variées qu'elle ne s'explique pas très bien non plus.
Une boulimique-anorexique est un être hybride. Elle n'est ni grosse ni maigre. Certes, elle se trouve toujours trop grosse, mais les autres eux la trouve normale, tout à fait normale. C'est donc une maladie très facile à cacher au reste du monde, car son aspect physique ne la trahit pas. En France, une femme sur cinq est ou à été boulimique-anorexique, jugez de la banalité de la chose.

En tant que boulimique-anorexique, je rêvais d'être une vraie anorexique, mais j'avais trop faim pour cela. Je me considérais comme une boulimique parce que j'estimais que je mangeais trop, que j'avais toujours trop mangé. mais j'avais tort, je n'étais pas boulimique, je mangeais normalement, peut-être un peu plus que lorsque j'avais quatre ans et demi, certes, mais je n'étais pas boulimique. Je faisais des régimes très sévères, je ne me permettais aucune faiblesse et je comptais les calories du soir au matin, angoissée et quasi en transe lorsque le compteur imaginaire se rapprochait de zéro et que je sentais bien que je ne pourrais pas tenir jusqu'au lendemain avec seulement du Coca light! Et au départ, pour moi, il n'était question que de vomir ce que j'avais mangeais "en trop".

Mais j'ai vite compris que ça ne servait à rien de rendre un biscuit. En plus, l'opération se révélait difficile et douloureuse. Quand vous n'avez mangé qu'un seul biscuit depuis six heures, votre corps s'y accroche. Il le veut, il le garde, et vous enragez au-dessus de la cuvette des toilettes parce que mon Dieu vous savez bien que vous n'auriez jamais dû le manger ce foutu biscuit mais maintenant que le mal est fait et que vous êtes là à genoux, pécheresse, qu'arrivait-il si ce dernier secours de repentance vous étais enlevé ? Comment faire pour le sortir de vous, ce biscuit ?
Sans même y penser vous foncez vers la cuisine, vous mangez le paquet entier dans un accès de désespoir en même temps que vous buvez du lait à petites gorgées. En cinq minutes, vous vous sentez gonflée comme un ballon. Vous avez mangé trop vite. Tous ces biscuits et tout ce lait, c'est écœurant pour de vrai. Quelle joie, vous êtes écœurée.

Vous attendez trente minutes, le temps que tout soir bien descendu, vous retournez aux toilettes, vous poussez votre langue vers le bas avec votre index et votre majeur et tout ressort d'un coup, un grand flot de boue laiteux.



Personne ne sait ce que c'est que ce soulagement-là tant qu'il ne l'a pas vécu.





Je me sentais lavée, purifiée, hors de tout atteinte.
J'avais donc trouvé la solution. Et ça m'arrangeait. J'allais pouvoir manger autant qu'il me plaisait et tout
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09/05/2008
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